Confucius et la Rectification des Noms (2/2)

Nous sommes en 505 avant l’ère courante.

Revenu dans son pays natal, Confucius s’est retiré des affaires. Il s’adonne à l’étude, l’étude par excellence : celle des classiques.

Mais voilà que Yanghu, un puissant membre de la famille Ji, insiste : il veut que Confucius le serve.

Refus du sage.

Yanghu tente un coup d’état pour s’arroger le pouvoir et réduire l’influence des autres clans. Erreur qui lui est fatale : vaincu, il s’enfuit dans le pays de Qi.

Lire la suite « Confucius et la Rectification des Noms (2/2) »

Confucius et la rectification des noms (1/2)

On trouve l’expression « rectification des noms » (正名) employée pour la première fois chez Confucius, dans les Entretiens, un ouvrage qui compile l’ensemble des maximes et des apophtegmes qui lui sont attribués.

Pour comprendre ce qu’il entend par rectification des noms, il nous faut nous plonger dans la contexte historique qui est celui de Maître Kong, le premier et le plus grand des sages chinois.

Notre histoire commence donc pendant la période des Printemps et des Automnes (-770, -481), dans la plaine du fleuve jaune, le cœur de la civilisation chinoise.

Lire la suite « Confucius et la rectification des noms (1/2) »

La rectification des noms

Ceci est la première partie d’une série consacrée à la rectification des noms.
Dans cet article, je présente brièvement le concept, en expliquant quelles sont ses différentes dimensions. Les deux articles suivants seront consacrés à Confucius et à Xun Zi, deux penseurs clés de la notion. Viendront ensuite plusieurs articles qui montreront comment on peut utiliser cette idée aujourd’hui.

La rectification des noms est un vieil art martial chinois. Art, parce que c’est une pratique, et martial, parce que c’est une lutte constante contre des forces qui ne sont jamais au repos.

La rectification consiste, en son essence, à utiliser le langage de façon précise afin que les pensées soient claires, que les discours soient justes et que les actes qui en découlent soient harmonieux. Simple ? Il n’est pas suffisant d’une vie pour y arriver.

La rectification des noms parait être une banalité : c’est là que se cache sa force.

La rectification des noms comporte trois degrés, qui s’occupent chacun d’une dimension spécifique du langage.

Brossons en quelques traits leurs caractéristiques principales.

Lire la suite « La rectification des noms »

Italo Kabbaliste (2/2)

Deuxième moitié.

Le milieu du chapitre VII est un tournant. Car voilà qu’après avoir étudié le comportement du mauvais côté, revient l’autre côté, que l’on croyait perdu à tout jamais, réduit en bouillie sur le champ de bataille. On apprendra plus tard son histoire : il a en réalité été récupéré par une confrérie secrète, rafistolé, et renvoyé au pays.

Le narrateur ne comprend pas tout de suite à qui il a affaire. D’une certaine manière, lorsqu’on est habitué au mal, le moment où le bien surgit paraît suspect. Il y a nécessité d’une période de désaccoutumance avant de pouvoir à nouveau voir le bien, et l’intégrer dans la vie.

Le narrateur est endormi. Une araignée venimeuse essaye de le piquer, mais le vicomte l’en empêche et l’araignée lui pique la main, son unique, la gauche.

Le narrateur se réveille.

Lire la suite « Italo Kabbaliste (2/2) »

Italo Kabbaliste : le Vicomte pourfendu (1/2)

(Première moitié).

La Trilogie héraldique : nos ancêtres, d’Italo Calvino est une merveille de drôlerie et de poésie et, après bien des péripéties, a enfin été republiée en français. Ce que l’on sait moins, c’est que cette œuvre est ancrée dans une vision tout à fait biblique du monde et plus particulièrement dans une méditation qui puise dans l’imagerie de la kabbale, la source vive de tout le judaïsme.

Le procédé général est le suivant : Calvino prend une dyade fondamentale, un couple de notions qui existent de façon opposées et complémentaires, et les fait exister séparément. Le but ? Mieux les observer en voyant comment elles se comportent lorsqu’elles existent déconnectées l’une de l’autre, afin de mieux les apprécier et les célébrer lorsqu’elles sont à nouveau ensemble.

Lire la suite « Italo Kabbaliste : le Vicomte pourfendu (1/2) »

Mary Poppins : le secret de la légèreté

Le cinéma aurait pu arrêter de produire des films en 1964. A peine quarante ans après ses débuts parlant, on avait pratiquement atteint la perfection. A une époque où le cinéma consistait à s’asseoir en une salle obscure et à rêver les yeux grand ouverts, on avait là, avec Mary Poppins, tout ce qu’Hollywood savait faire de mieux.

C’est drôle, c’est bien écrit, c’est magnifiquement réalisé, les acteurs sont formidables (Julie Andrew, David Tomlinson et Dick Van Dyke sont au sommet), les couleurs sont belles, la musique est entrainante. Les seconds rôles sont géniaux : voir le duo Hermione Baddeley dans le rôle de la bonne et Reta Shaw dans celui de la cuisinière. On peine à trouver un défaut (le seul que l’on connait n’est audible qu’en anglais, et s’efface de toute façon devant les savoureuses anecdotes qui l’entourent).

Surtout, et c’est la marque des grands classiques, c’est un film qui parle à toutes les générations. On le voit à cinq ans et on est amusé par le petit chien ; on le revoit à quarante et on est bouleversé par le personnage de George Banks, qui, dans la société edwardienne d’avant guerre est un homme fort seul.

Le thème central ? La gravité, et son remède : la légèreté.

Lire la suite « Mary Poppins : le secret de la légèreté »

Les aventures du petit René et de Rabbi Astérix

Nous sommes en 135 de l’ère courante. Toute la province de Judée est occupée par les Romains. Toute ? Non, une dernière forteresse résiste à l’envahisseur. Dans les collines au sud-ouest de Jérusalem, deux cent mille combattants Juifs se sont retranchés à Betar sous le commandement du général Bar Korba. Et, alors que les camps s’installent pour tenir le siège, les guerriers intrépides s’organisent.

L’histoire vous parait familière ?

Lire la suite « Les aventures du petit René et de Rabbi Astérix »

Rivalité mimétique et variant omicron

Bientôt deux ans de Corona virus. Deux ans de hauts et de bas, de confinements, de déconfinements, de tests, de vaccins, de promesses, de promesses non-tenues, de frontières qu’on ouvre, de frontières qu’on ferme, de mensonges, de vérités – deux ans d’un bazar sans nom.

Le corona virus est un peu comme une série télé. Chaque nouvel épisode se termine sur un suspense insoutenable. Et de temps en temps, une nouvelle saison arrive. La dernière en date ? Le variant omicron.

Lire la suite « Rivalité mimétique et variant omicron »

Tout dire, ou ne pas tout dire

Cet été, le JTwitter* francophone a bruissé de mille piaillements au sujet de la liberté d’expression. La raison ? Le retour d’un antisémitisme de base qu’on avait espéré enterré bien loin de nous. Dans les manifestations anti-passe sanitaire, on a vu des pancartes sur le thème de Qui ?, le Q dessiné avec des cornes.

Arthur, pourtant un paragon de modération et de consensus, s’est vu incendié pour avoir donné son avis sur la question, et a reçu des milliers de messages dont certains ne laissaient aucun doute sur la façon dont les auteurs considéraient l’origine de ce dernier.

Les vieux tropes anti-Juifs ressortent, et ne prennent même plus la peine d’enfiler le masque de l’antisionisme. Désormais, on se remet à haïr les Juifs tout court, et on ne se cache plus pour le dire.

Lire la suite « Tout dire, ou ne pas tout dire »

La nuancitude et l’amalgamisme

Il est toujours de bon ton de réclamer de la nuance. Prenez un débat quelconque, laissez-le tourner pendant quelques jours, voyez comment différents arguments émergent. Quelque part dans le forum, vous entendrez très vite quelques voix se plaindre : tout cela manque de nuance. Encore des opinions bien tranchées, alors que les choses sont plus complexes. Qu’il est facile de tout peindre en noir et blanc, etc.

Facile ? Voire.

Lire la suite « La nuancitude et l’amalgamisme »